Présentation de l’ouvrage
« De ta boue je ferai de l’or » écrivait Baudelaire en évoquant Paris. Nous avons, Régis Paulin et moi-même, suivi cet adage. Du confinement lié à la pandémie (entre le 24 avril et le 10 juillet 2020 exactement), de cet enfermement, nous avons tenté de le transformer en beautés, tels de modestes alchimistes et artisans d’art.
Chacun peuplé de souvenirs, d’émotions, d’instants solitaires et partagés, nous les avons couchés sur la page, révélés, mis en lumière et en écho. Nous souhaitions partager ce qui nous différencie et nous lie d’amitié. Ce qu’un poème, un vers peut susciter d’images et ce qu’une photographie peut faire naître d’écriture poétique. Les photographies révèlent les poèmes comme les poèmes à leur tour les suggèrent…
Régis Paulin : photographe
http://regispaulinphoto.free.fr
Diplômé de L’École Nationale Supérieure Louis-Lumière (Paris), ancien responsable Laboratoire photo de l’IGN-Creil (Institut Géographique National) durant 30 ans, il a notamment assuré la transition de la photographie argentique au numérique.
Son travail argentique est essentiellement axé sur le Noir & Blanc qu’il élabore tel un alchimiste et parfait technicien.
Son parcours photographique est à la fois patient et fécond. De sa thématique sur les Monuments aux morts est ressorti un travail sur la mémoire. De ses déambulations du Vietnam à New-York, il en a saisi l’intensité d’instants, le fugitif de « regards anonymes », de scènes de rue et de la vie quotidienne, banales et uniques, de pas et de jambes (autre thème patiemment élaboré)…
Toutes ces photographies, c’est l’histoire singulière d’un homme qui regarde, mais également celles de notre humanité avec ses ombres, ses creux et silences, son étrangeté et ses lumières fulgurantes, sa beauté.
J'apprends ton absence
Chaque jour j'en demande des nouvelles
À mes mains courbées aux formes de tes hanches
À mes mains dont les creux en sillons sont semés de baisers
À mes lèvres qui se souviennent encore de ton eau lorsque j'avais si soif
J'apprends ton absence
Chaque jour j'en demande des nouvelles
Au blé qui se hâte de mûrir
Je vois couchés tes cheveux blonds en épi où je perds le sommeil
Au pain rond je retrace la croûte si belle imparfaite
L’odeur à croquer de ta bouche
J'apprends ton absence
Chaque jour j'en demande des nouvelles
Au vent je penche mon visage
Je ris de ses jeux où je devine toujours ton souffle caché
Aux nuages je saisis la lumière de tes yeux
Mes ombres portées s'étirent voyageurs en exil
J'apprends ton absence
Chaque jour j'en demande des nouvelles
Extrait du recueil Chaque jour de l’ombre à la lumière, poèmes d’Alain Michel & photographies de Régis Paulin, Éd. Fannyo, 2021.
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“Edith Convert : sculptrice fondamétale”
Article d’Alain Michel
C’est d’abord dans le Jura qu’elle a ouvert son premier atelier, pour s’installer ensuite à L’Argentière-La Bessée (Hautes-Alpes) où elle vit et travaille désormais depuis quelques années. Son parcours artistique de trente-cinq années est jalonné d’expositions importantes (musées, centres d’art contemporain, biennale…), de résidence d’artistes, d’installations in situ. Les galeries parisiennes, suisses, New-yorkaises ne se sont pas trompées sur l’excellence de son art en l’exposant, ni l’association « Alliance et Liberté » en lui commandant une sculpture mémorielle en souvenir des passeurs du Risoux qui fut inaugurée le 28 août 2014 sur la frontière franco-suisse.
Si la ferronnerie est une technique qu’elle a depuis longtemps acquise, son art de la sculpture insuffle au métal la matière même du vivant, son feu intérieur, un mouvement autant singulier qu’universel.
L’Homme est au centre de son travail, plus précisément de son cheminement dans son métal-vivant. Cet Homme qu’elle forge, cet Homme dans le monde comme il va est notre ! Il est notre nudité fondamentale, celle d’un face à face avec nos errances et nos joies dansées, celle d’une confrontation avec l’exil hors les murs de nos regards trop souvent aveugles, normés, avec nos abominations jusqu’à la contorsion. Jusqu’à ce point de déséquilibre restitué dans le fer battu, fracturé, ressoudé.
Visages-masques sculptés et saisis dans leur stupéfaction, femme accroupie, dépossédée de son être et de son corps engrossés de barbaries, hommes au corps sexué de désirs, à tête de poisson, aux muscles secs ou saillants qui aspirent à se mouvoir coûte que coûte… Telle est la beauté brute des sculptures d’Édith Convert que ses mains nous tend et nous offre en partage, sans compromission aucune.
Il faut ici désigner ses sculptures par leur nom inscrit dans le processus de création, qu’elles soient monumentales ou dessinées au chalumeau sur plaque d’acier, têtes sculptées ou dressées sur des douelles : Abattre les murs, Le Monde comme il va, la série des Nomades, Soumission, Viol arme de guerre, Les maux sans les mots… pour ne citer que celles-ci ! Que disent ces titres et noms, sinon notre humaine condition et l’inhumanité des actes qui la saccage.
Que dire aussi de son travail sculpté sur les mains, les visages, les corps, sinon l’alliance parfaitement maîtrisée du métal et du réel saisissable, saisissant. Car toutes ses sculptures nomment notre réalité, ce que nous fûmes jadis et naguère, et ce que nous sommes devenus aujourd’hui, et toutes le transfigure, non pour l’atténuer, bien au contraire, mais pour évoquer ses silences, nous laisser les entendre.